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Après la mobilisation unitaire, la balle est dans le camp du gouvernement

Un rendez-vous sous haute tension

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15 octobre 2017

Temps de lecture : 4 minutes

C’est ce lundi 16 octobre que les syndicats de la fonction publique rencontrent Gérald Darmanin, leur ministre de tutelle, pour un rendez-vous salarial sous haute tension après la mobilisation de centaines de milliers de fonctionnaires à l’appel de leur neuf fédérations syndicales.

La balle est dans son camp”, ont prévenu les syndicats dans un communiqué commun. Le gouvernement doit “clairement revoir ses positions”, dit Mylène Jacquot (CFDT), “tenir ses promesses et être sérieux”, ajoute Bernadette Groison (FSU), “redonner confiance aux agents par un signe fort”, estime Luc Farré (Unsa).

Qu’il “arrête sa posture dogmatique sur la diminution de la dépense publique et défende un vrai modèle social, à un moment où l’Europe a plus que jamais besoin de cohésion sociale” tempête Christian Grolier (FO), tandis que pour Denis Turbet-Delof (Solidaires), il doit “engager une véritable réflexion sur la question des services publics qui ne soit pas assortie de préalables budgétaires ou structurels”.

“Je veux croire à l’intelligence et qu’il arrivera au minimum avec de fortes inflexions”, espère quant à lui Jean-Marc Canon à la CGT, qui met en garde : “Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il joue la carte de l’affrontement”.

Les griefs des syndicats sont nombreux et portent autant sur le fond mais aussi sur la forme des annonces gouvernementales concernant le service public et ses 5,4 millions d’agents.

Les syndicats ne décolèrent pas après que le Premier ministre, Edouard Philippe, ait nommé vendredi dernier un comité de 34 membres chargé de réfléchir sur les missions et les réformes qui concernent les fonctionnaires et les citoyens usagers du service public. Un comité dont les syndicats sont exclus et qui est de plus codirigé par le président de Safran, le franco-australien Ross McInnes, l’ex-directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon et cadre dirigeante de Nexity, Véronique Bédague-Hamilius, et le directeur de Sciences Po Paris, Frédéric Mion.

“Le comité aura carte blanche pour explorer toutes les pistes, évaluer les périmètres, identifier les doublons et parfois même les triplons de compétence, parce qu’il en existe”, a expliqué le Premier ministre lors d’un discours à Matignon, en demandant à ses 34 membres “de faire preuve d’innovation et d’audace afin d’imaginer quelle pourrait être une organisation idéale des services publics”. Le Premier ministre entend que ce comité réfléchisse aussi à la question du “périmètre” des missions assurées par l’Etat, c qui suscite des inquiétudes chez les fonctionnaires quant à l’abandon de certains pans et missions du service public.

 

Les syndicats n’ont pas non plus apprécié d’être informés de la plupart des mesures par voie de presse et conviés à des réunions dites de “concertation” où les choix étaient déjà arbitrés.

Ils dénoncent en priorité la promesse, non respectée, du président de la République, d’augmenter le pouvoir d’achat des fonctionnaires à l’occasion de la compensation de la hausse de la CSG, car les agents publics ne bénéficieront pas de la baisse des cotisations salariales contrairement aux salariés du privé. Or, le gouvernement a non seulement annoncé le gel du point d’indice, qui sert au calcul de leurs rémunérations, mais contrairement aux engagements du ministre qui a assuré qu’“aucun agent public ne verra son salaire baisser“, il n’envisage qu’une compensation partielle de la hausse de la CSG, alors qu’un tiers des agents ont vu leur rémunération nette baisser en 2015 et qu’elle n’a augmenté que de 0,6 % en moyenne contre 1 % dans le privé.

Toujours au chapitre des salaires et du pouvoir d’achat, les syndicats dénoncent  le “tour de passe-passe mensonger” du gouvernement affirmant que leur pouvoir d’achat a augmenté de 2 % en moyenne en 2016 et de 4 % en 2017. ils estiment que les chiffres avancés par Gérald Darmanin sont basés sur “le coût global de la masse salariale divisé par le nombre total d’agents” et qu’ils ne sont donc “pas représentatifs de l’évolution des rémunérations” des fonctionnaires.

Les syndicats sont aussi vent debout contre la réinstauration du jour de carence en cas d’arrêt maladie qui n’est pas compensé par leurs employeurs, contrairement au secteur privé.

Mais la colère des syndicats est aussi fondée sur les questions d’effectifs, car le chef de l’Etat souhaite supprimer 120.000 postes d’ici 2022 dont 70.000 dans la fonction publique territoriale (1,98 million d’agents) et 50.000 dans la fonction publique d’Etat (2,48 millions).

 

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