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Des mesures urgentes contre les violences faites aux femmes sont désormais attendues

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30 octobre 2017

Temps de lecture : 5 minutes

Suite à l’affaire Weinstein, plus 2,5 millions de femmes, ont dénoncé le harcèlement dont elles ont été victimes dans leur vie sur Twitter avec les hashtags #BalanceTonPorc ou encore #MeToo. L’ampleur du phénomène replace la bataille contre les violences sexuelles, notamment dans le cadre professionnel, au cœur du débat public.

Les chiffres donnent le vertige : au travail, 80 % des femmes disent être victimes de sexisme et 20 % de harcèlement sexuel. Chaque jour en France, il y a environ 8 viols ou tentatives de viol sur un lieu de travail. La conséquence des violences conjugales pour les 216 000 femmes qui en sont victimes chaque année en France se traduit souvent par la perte de leur travail ou la fragilisation de leur carrière. Les femmes en entreprises sont souvent victimes d’un sexisme systémique, de délégitimation, d’infériorisation et de marginalisation au retour des congés maternité, par exemple.

La résonnance de la question sur les réseaux sociaux et dans les médias depuis maintenant plusieurs semaines brise le silence assourdissant qui entoure ces sujets. L’ampleur du phénomène démontre une volonté de changement radical pour les femmes, qui souhaitent que la société toute entière doive s’approprier cette question fondamentale. Ce tabou intolérable doit être érigé en priorité nationale pour mettre fin à l’impunité. Pourtant, mi-octobre, lorsque Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a dévoilé les contours d’un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, aucune référence aux violences au travail n’a été faite. Le gouvernement a préféré porter le débat sur le harcèlement de rue.

Pourtant, les chiffres sont éloquents : l’essentiel des violences contre les femmes sont commises au domicile conjugal ou au travail. Le silence du gouvernement prouve que ce projet de loi n’est pas encore la réponse adaptée à l’ampleur du problème.

La lutte contre les violences passe notamment par un renforcement des instances représentatives du personnel

Ces annonces insuffisantes du gouvernement et l’acharnement dans les ordonnances contre les seuls outils qui permettent une intervention tangible contre ces violences ne sont pas les solutions adéquates. Les CHSCT et les délégués du personnel sont l’instance de défense de proximité des salariés et travaillent depuis des années sur ces risques invisilibisés en commanditant par exemple des expertises pour des avancées concrètes sur le sujet. Ces instruments doivent être renforcés et non fusionnés, comme prévu, au sein du Comité Social et Économique (CSE), au plus éloigné des salariées.

Adoption d’une norme internationale et contraignante

Par ailleurs, au sein de la Confédération Syndicale Internationale (CSI), la CGT, avec les autres organisations françaises membres (CFDT, FO, CFTC) mène un combat pour qu’une norme internationale contraignante sur ces violences sexistes et sexuelles pour protéger l’ensemble des femmes dans le monde soit adoptée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Celle-ci est inscrite à l’ordre du jour de l’OIT en 2018. Chaque pays est désormais intimé de se positionner et de donner son avis sur le contenu et la portée de cette norme.

Le gouvernement français a donc été sommé par la CSI de faire remonter sa position le 22 septembre, mais il n’a toujours pas fait connaître sa position ni consulté les syndicats. Une fois encore, ce silence démontre que nous sommes loin des questions sociales prioritaires. Pourtant, il faut aussi la mise en place de nouveaux droits pour protéger les femmes victimes de violences au travail ou conjugales pour garantir le maintien de leur emploi.

Les remarques sexistes au travail sont le quotidien de toutes les salariées, à tous les niveaux et notamment pour les personnelles de l’encadrement, suspectées d’être avant tout des mères ou de futures mères et donc moins engagées dans le travail. Elles se heurtent ainsi au fameux « plafond de verre », barrière invisible qui bloque l’évolution salariale et professionnelle.

Afin de faire voler en éclats ce « plafond de mère », l’Ugict-CGT a lancé l’année dernière une grande campagne de sensibilisation sur toutes ces questions : « #VieDeMère », tristement toujours d’actualité dans un contexte de violence généralisée et globale contre les femmes.

Des rassemblements faisant écho aux différentes luttes menées depuis ces dernières semaines sur les réseaux sociaux ont réuni plusieurs milliers de personnes ces derniers jours, un peu partout en France.

Quant aux hashtags sur les réseaux sociaux, ils risquent d’être encore très actifs pour longtemps si le gouvernement et la société toute entière ne prend pas à bras-le-corps ce problème majeur.

Pour la CGT et son Ugict, il est urgent de :

De rendre la négociation obligatoire dans les entreprises et dans les branches sur ces violences, face à la surdité des employeurs quant à cette question.

 

De consacrer des moyens financier et humains conséquents.

 

De dédier, dans chaque entreprise, un référent au signalement des violences et à la prise en charge des victimes.

 

De mettre en place une formation obligatoire des ressources humaines, des managers, de l’ensemble des salariés, des médecins du travail et des inspecteurs du travail sur ces questions.

 

De créer des postes de professionnels du soin et de l’accompagnement, pour accueillir, accompagner et protéger les femmes victimes de violences, y compris dans les commissariats, les structures liées au logement.

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