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Luxfer, il faut sauver la dernière usine de bouteilles d’oxygène médical

La situation sanitaire est plus que dramatique. Alors que les hôpitaux, les pompiers, les ambulanciers utilisent des quantités considérables de bouteilles d’oxygène pour les traitements et au cours des déplacements des malades du Covid 19, les propriétaires, dont des fonds de pension, de l’usine de production d’oxygène médical Luxfer, située à Gerzat dans le Puy de Dôme, ont décidé de fermer et de raser le site. Les salariés s’ils n’occupent plus les locaux pour cause de confinement, restent mobilisés, prêts à faire repartir les machines, car il y a urgence vitale. Ils n’attendent que l’accord de Bercy.

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27 mars 2020

Temps de lecture : 5 minutes

A l’heure où la pandémie du Covid 19 achève d’envahir l’ensemble de la planète, où les hôpitaux recherchent désespérément des respirateurs et des bouteilles d’oxygène, les propriétaires du groupe Luxfer, les fonds d’investissement Fidelity, Blackrock, veulent définitivement se débarrasser de la dernière usine de fabrication de gaz respiratoire de Gerzat (Puy de Dôme). Une liquidation entreprise depuis 2018 avec l’arrêt de la production des bouteilles de gaz respiratoires et le licenciement de tous les effectifs.

Les produits vendus : dispositifs d’oxygénothérapie, les appareils respiratoires isolants (ARI) des pompiers et les bouteilles d’assistance respiratoire pour les hôpitaux sont plus que jamais de première nécessité et sont destinés notamment à l’Etat français.

Pourtant, le 20 Décembre 2019, alors qu’un projet de revitalisation porté les salariés visait à sauver 55 emplois, la direction de Luxfer refuse d’honorer ces obligations de revitalisation.
 La raison avancée : le ministère de l’Economie et des Finances se serait opposé à la vente du site. Le Ministère, a tout nié en bloc. Cependant, il devait émettre un démenti et rappeler à ses obligations, en termes de revitalisation, le groupe Luxfer. Promesse sans suite.

L’abandon des salariés de Luxfer par l’Etat confirme les propos de Jean-Pierre Floris, délégué interministériel des restructurations, tenus aux syndicats de l’usine gerzatoise en janvier 2019 : « Vos emplois appartiennent à Luxfer, les locaux appartiennent à Luxfer , les machines appartiennent à Luxfer, c’est la propriété privée. Si un actionnaire a décidé de casser son jouet, peu importe les conséquences, nous n’interviendrons pas ». L’Etat fait donc prévaloir un abus de droit propriété sur les intérêts du pays, de l’Europe, de ces concitoyens et même sur la concurrence libre et non faussée, pourtant précepte de l’Union Européenne.

Le 13 Janvier 2020, Luxfer décide de reprendre les démantèlements dans la plus parfaite illégalité, de détruire l’outil de travail et ainsi échapper à ses obligations de revitalisation, avec le risque de voir une friche industrielle polluée abandonnée en plein centre-ville. 5 % des machines sont renvoyées dans les autres usines de la société, 95 % du parc machine va être détruit.

Au-delà, de l’aspect illégal, le démantèlement, Luxfer fait courir un risque aux citoyens de la ville Gerzat. Aucun plan de prévention n’a été réalisé. Le coût de la dépollution, entre 2 et 20 M€, pourrait se retrouver à la charge des collectivités. Les lois actuelles n’inquiétant que la société française en fermeture et non le groupe repreneur.

Des productions d’utilité publique

Si les bouteilles d’assistance respiratoire pour les ambulances et hôpitaux sont des outils d’utilité publique ainsi que les ARI des pompiers, Luxfer, produit aussi les réservoirs haute pression des véhicules PAC (Hydrogène) et GNV (Gaz naturel). Et l’on sait que le secteur automobile est un enjeu colossal dans la transition énergétique (Réduction des émissions de CO2, lissage des consommations de central nucléaire, etc…).

La course au profit ne peut justifier de faire prendre des risques aux usagers et encore moins de détruire un secteur stratégique qui fait partie des principaux enjeux de la sauvegarde de notre planète. Pour éviter de dépendre du monopole chinois des batteries, la France et l’Allemagne construisent 2 usines pour sécuriser cette filière. Pourquoi ne pas en faire de même pour la filière hydrogène ?

L’inspection du travail a refusé le motif économique pour les licenciements, la contre-enquête qui a suivi confirme. Pourtant, à l’image des Whirpool, Copirel, SEITA, le ministère du Travail risque de valider le motif économique sans le justifier.

Une urgence vitale

Le reclassement des salariés de Luxfer est catastrophique, avec seulement 15 % de salariés reclassés au bout de 8 mois, dont la moitié en contrat précaire et à plus de 30 km de leur domicile. Et pendant plus de 4 mois, Luxfer n’a pas respecté l’accord PSE, signé en préfecture, en refusant de rembourser des frais de formation.

Désormais, avec le confinement les salariés, l’occupation de l’usine est levée, mais ils exigent de la Préfecture « La protection du site et de l’outil de travail, des salariés et de leurs représentants, dans la perspective d’une nationalisation afin de répondre aux besoins urgents et vitaux imposés par la crise sanitaire »

Les salariés sont mobilisés, prêts à faire repartir les machines, car il y a urgence vitale. Ils n’attendent que l’accord de Bercy.

Sources : NVO,CGT

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