La volonté de l’exécutif de réguler la recrudescence des dépenses liées aux arrêts maladie est soutenue par des organisations patronales et contestée par les syndicats.
Les cotisations des mutuelles vont augmenter de 4,7 % en moyenne, tirées par une « forte hausse » des remboursements l’an dernier, la réforme du 100 % santé ou du fait du vieillissement de la population. La Mutualité française souligne toutefois que cette hausse reste inférieure à l’inflation.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser spontanément, la financiarisation n’est pas un phénomène réservé aux organisations à but lucratif. La Sécurité sociale subit elle aussi ce processus depuis presque une trentaine d’année. Loin d’être un sanctuaire à l’abri des appétits du capital financier, elle est étroitement imbriquée au monde de la finance de marché.
Aujourd’hui, la Sécurité sociale est un mastodonte administratif avec un budget de plus de 600 milliards d’euros, qui distribue 470 milliards d’euros prestations sociales, assure, à un titre ou à un autre, 65 millions de personnes, et emploie pour cela 150 000 salariés. Tout le monde, un jour ou l’autre, a à faire à la Sécu. Elle est perçue comme un organisme de contrôle, une machine bureaucratique où il est impossible d’avoir quelqu’un au bout du fil, et souvent confondue avec l’Etat.
Ministres, élus macronistes ou LR, éditorialistes de médias d’extrême droite, beaucoup s’évertuent à défendre la nécessité d’affaiblir une nouvelle fois le système d’assurance chômage. Quitte à sombrer dans la caricature.
Les mesures votées en juillet entérinent les pratiques du travail dissimulé comme le versement de primes au bon vouloir de l’employeur, l’exonération de cotisations sociales et la défiscalisation et contribuent à l’effacement du modèle social français dénonce, dans une tribune au « Monde », l’essayiste Louis Albert Serrut.
Plusieurs mesures du projet de loi pouvoir d’achat, actuellement discuté à l’Assemblée nationale, prévoient des exonérations de prélèvements sociaux, rognant ainsi sur les recettes de la Sécurité sociale.
Les erreurs de remboursement et les cotisations majorées des travailleurs indépendants mettent en doute le bilan de la Sécu, probablement plus déficitaire qu’il n’y paraît.
Après le record abyssal post-Covid de 38,7 milliards en 2020, le redressement est spectaculaire.
Les mutuelles et les complémentaires santé doivent-elles disparaître ? L’Etat doit-il reprendre totalement la main et nationaliser ce service en créant une « Grande Sécu ». L’avis d’Eric Chenut, président de la Mutualité Française et Jean Charles Simon, économiste, président de Stacian (société d’intelligence statistique et d’analyse économique).
